Dans l’avion, peu après avoir appris que sa mère est atteinte d’un cancer incurable, l’artiste canadien de renommée mondiale Jordan Tannahill écrit dans l’urgence des centaines d’affirmations. Les réminiscences s’entremêlent, se côtoient, oscillent entre beauté et traumatisme. L’auteur note les objets, les événements, les sensations, les souvenirs visuels, olfactifs ou auditifs qui lui traversent l’esprit : la balançoire dans la cour, l’odeur du gazon fraîchement coupé, le Big Bang, sa mère qui coupe des oignons dans la cuisine un dimanche après-midi. Ces courtes phrases tentent de capturer l’essence d’une vie, d’encapsuler une existence en voie de s’éteindre.

Sur scène, une envoûtante machine théâtrale s’active alors que cinq interprètes performent un geste sur chacune de ces courtes déclarations. Hors de question de répéter les mêmes mouvements d’une représentation à l’autre. La partition gestuelle générée chaque soir de manière spontanée reste vivante et vibrante. Un réel défi pour les performeur·euses qui doivent constamment renouveler l’impulsion et redécouvrir chaque phrase.