Dès sa parution en 2015, le roman biographique d’Anaïs Barbeau‑Lavalette a bouleversé des dizaines de milliers de lectrices et de lecteurs et, dans la foulée, a remporté coup sur coup trois prix littéraires majeurs. C’est dire à quel point cette œuvre qui embrasse les blessures intimes, les fulgurances artistiques et les gestes radicaux d’une femme intimement liée aux artistes du Refus global a déclenché de profondes résonances individuelles et collectives. Pour porter à la scène cette histoire d’une artiste qui retrace le parcours de sa grand-mère aussi révoltée que révoltante, Lorraine Pintal a fait appel à deux remarquables femmes de théâtre de la nouvelle génération : la metteuse en scène Alexia Bürger et l’autrice Sarah Berthiaume.

Il y a la femme qui cherche et la femme qui fuit. C’est une quête ardue, car la peintre et poète Suzanne Meloche ne cesse de s’évader et de couper les ponts, que ce soit avec sa famille, le destin médiocre imposé alors aux jeunes femmes, la tribu des Automatistes, son mari qui peignait par-dessus ce qu’elle avait dessiné, ses deux enfants en bas âge qu’elle abandonne, ses amants, son amante noire new-yorkaise avec qui elle se bat pour les droits civils jusqu’en Alabama… Portrait en mouvement d’une femme pour qui chaque lien finit par se transformer en chaîne. Mais aussi, récit choral d’un Québec qui s’arrache à sa Grande Noirceur. Avec une foisonnante distribution de 19 interprètes, dont Catherine De Léan dans le rôle de la femme qui cherche, Alexia Bürger entreprend un ambitieux travail collectif afin que les corps transforment la scène du TNM en un vaste tableau automatiste, continuellement changeant, perpétuellement éphémère.